Article rédigé par Monic Delorme, rédactrice en chef
Ils s’appelaient :
Scott, Fanny, Diva, Annabelle, Tuxedo, Noisette, Sésame, Grippette, Mega, Pussy, Gaspard, Delphine, Émile…
Le deuil
Cette douleur immense éprouvée lors de la perte d’un être cher…
Cette peine infinie dans laquelle on se noie…
Cette souffrance qui nous empêche de respirer…
Ce vide impossible à combler qui nous submerge à tous moments de la journée…
Le deuil d’un parent, d’un frère, d’une sœur, d’un ami et …de notre animal de compagnie…
Je sais par expérience, et malgré les regards sceptiques de plusieurs, que le deuil d’un humain et celui d’un animal de compagnie se ressemblent et sont aussi douloureux l’un que l’autre…
Je sais, par expérience, que le deuil est l’absence d’un être vivant avec qui nous partagions notre vie et que c’est ce manque qui fait si mal… C’est vrai pour une personne aimée et AUSSI, pour un animal que nous chérissions…
Ce compagnon peut être un chat, un chien, un cheval, une moufette, un oiseau et même, un poisson rouge…Ne souriez pas! Qui parmi nous peut juger de l’importance que revêt une espèce vivante plutôt qu’une autre et de l’étendue de son absence dans notre vie ?
Le deuil de son complice à quatre pattes, à plumes, à écailles
On se retourne en pensant qu’il est là, marchant derrière nous…
On se surprend de remplir sa gamelle, comme à tous les matins d’avant…
On s’attriste de voir la cage suspendue désormais abandonnée…
On s’étonne de le chercher à travers la vitre de l’aquarium…
On pense le voir, partout où l’on regarde…
On croit l’entendre japper, miauler, chanter ou le voir nager...
Et l’on constate, à chaque fois, l’ampleur du vide qu’il a laissé en nous quittant…
La mort d’un animal de compagnie est un VRAI DEUIL et il peut nous affecter plus que nous ne le pensions. Le nier ou tenter de le raisonner, comme le disent parfois des amis pensant nous consoler : « …Tu n’as qu’à en adopter un autre…» «…Ce n’était qu’un chien…»« … Un chat ? Il y a en des milliers à SPCA !!…» « C’était juste un oiseau…» «Un poisson, ben voyons!!! …» ne nous aide pas, bien au contraire!
Il faut VIVRE son deuil et surtout ne pas l’escamoter. Comme pour tous les deuils, celui de votre compagnon s’estompera au fil du temps, le vide deviendra graduellement moins oppressant …mais pour le surmonter, il faut accepter ces émotions qui nous déstabilisent, nous submergent à tous moments de la journée.
Certains psychologues, désormais à l’écoute du deuil animalier, suggèrent de se remémorer les habitudes de notre animal, de réaliser la place qu’il prenait dans notre vie, de comprendre le rôle qu’il tenait dans notre quotidien : était-il notre meilleur ami à qui on pouvait tout raconter, sans crainte d’indiscrétion ? Comblait-il notre besoin d’affection et de protection? Représentait-il un souvenir de notre enfance, de notre vécu amoureux ?
De plus, ils nous conseillent d’établir, de cette façon, le rôle qu’il jouait dans notre vie, dans notre routine quotidienne pour nous aider à comprendre d’où vient ce terrible manque provoqué par son départ…
Dans le cas de chiens, chats et chevaux, ces spécialistes nous suggèrent aussi de conserver un objet symbolique de notre animal (collier – jouet préféré, crins de cheval, etc.). Cet objet peut nous aider également à garder un lien avec lui… jusqu’au moment où nous serons prêts à le remiser dans notre coffre de nos doux souvenirs…
Peut-on se préparer à ce départ ?
«NOOoonnnnn!» aurais-je envie de crier…
Mais à part le cas de Fanny, ma douce amie bouvier bernois terrassée par un AVC à l’âge de quatre ans alors que nous jouions ensemble sur la plage…TOUS mes autres compagnons poilus, chacun à leurs façons, m’ont donné plusieurs signes de leur départ imminent…que je refusais consciemment de voir. Ma vétérinaire aussi me préparait à cette éventualité prochaine lors de nos visites annuelles et de plus en plus fréquentes au fil du temps qui passe, toujours trop vite!
À chaque fois, j’arrivais, ou du moins j’essayais, à me convaincre que son malaise était passager et qu’il était surtout trop tôt pour prendre cette décision tant redoutée! Que nous avions encore tellement d’aventures à vivre ensemble…
À chaque fois, j’espérais qu’un traitement ou qu’un médicament puisse sauver mon compagnon de tous les instants…
À chaque fois, j’avais cette pensée magique en la médecine vétérinaire aux possibilités quasi infinies et… à mon budget illimité !
À chaque fois, évidemment, je réalisais que la médecine vétérinaire avait ses limites et mon portefeuille aussi… et je devais me résigner à prendre LA décision tant appréhendée.
Quand savons-nous que c’est le moment de se quitter ?
Je crois que nos compagnons, même à cette étape ultime, ont cette générosité de nous donner le temps de prendre LA décision, même si pour cela, ils doivent camoufler, du mieux qu’ils le peuvent encore, leur souffrance.
Une vétérinaire m’a fait prendre conscience que les animaux, pour nous plaire, peuvent souffrir de nombreuses semaines, voire des mois avant que l’on soupçonne la moindre défaillance…
Je ne crois pas, pour ma part, avoir toujours pris LA décision tant redoutée au bon moment pour le bien-être de mon animal…Les sentiments confus qui me submergent à chaque fois - mon déni, sa douleur, mes espoirs, ma peine - m’ont fait reculer plus d’une fois…
Mais je sais, par expérience, qu’il arrive un moment où l’on SAIT qu’il faut se séparer…
Le départ
Avec le cœur lourd de celle qui SAIT, je les ai accompagnés, un à un.
Je me rappelle, entre autres, cette journée d’automne où nous avons dû, ma fille et moi, dire adieu à notre cheval Tuxedo, petit rescapé qui a vécu avec nous pendant 5 ans… Il avait deux ans quand nous l’avons adopté…Un poulain malmené, squelettique…Grâce aux efforts et aux connaissances de ma fille et de notre vétérinaire, nous avions réussi, croyait-on alors, à lui redonner une allure saine et fière…jusqu’à ce que des crises d’épilepsie le condamnent…
Cette journée d’une tristesse infinie a eu aussi, à mon grand étonnement, des moments de plénitude : le bleu du ciel au moment où il s’est endormi dans le champ semblable au bleu de ses yeux…, des moments de réconfort aussi : le sol recouvert de foins par le propriétaire de l’écurie pour qu’il soit plus confortable, des moments de solidarité de tous les pensionnaires de l’écurie, qui sachant notre peine se faisaient à la fois discrets et présents, nous accompagnant du regard lors du cortège intime vers les champs derrière le manège…
Et quelques années plus tard, le départ, tout aussi attentionné, d’Annabelle, ma jument de 32 ans qui a fait partie notre vie pendant 22 ans…
Ces personnes qui ont partagées, chacun à leur façon, notre douleur auront toujours ma reconnaissance…
Le deuil de Tuxedo m’a fait comprendre également que nous ne pouvons pas connaître l’intensité ni comparer notre douleur à celle d’une autre personne qui a aussi tout vécu avec ce même compagnon…Certaines veulent en parler, d’autres préfèrent se taire. Certaines tapissent leur mur de photos pour combler l’absence et d’autres rangent rapidement tous les accessoires de l’animal disparu…
Le deuil est SOLITAIRE.
L’accompagnement
Plusieurs formules s’offrent à nous, dorénavant, pour nous accompagner dans cette triste réalité.
Les départs de mes chats et de mes chiens se sont déroulés à notre clinique avec l’assistance de notre vétérinaire. Mais bien que sachant que nous serions entourés de la sollicitude de toute l’équipe de la clinique, je n’aie jamais pu supporter ces allers et retours en voiture pour nous y rendent. Les allers où je sais qu’il/elle a compris…Ces retours, seule anéantie…
Mais depuis, des amis m’ont parlé de la possibilité de vivre ce moment à la maison. Ils ont fait appel à une clinique dont les vétérinaires se déplacent pour nous accompagner dans cette pénible démarche, sans stress inutile pour notre animal…
Malheureusement, cet accompagnement à domicile n’est pas encore offert dans toutes les régions du Québec…
Et l’après…
Certaines personnes choisiront d'adopter immédiatement pour combler ce vide. D'autres laisseront passer plusieurs mois ou même des années avant d'accueillir un nouveau membre dans leurs familles...Et quelques-unes préfèreront ne jamais revivre cette aventure...
Je sais, par expérience, qu’il n’y pas de recette ou de formule magique pour surmonter le deuil d’un animal et que chacun d’eux nous marque à sa façon…
Je sais aussi que tous mes poilus, véritables membres de ma famille, qui m’ont adoptée et ont accepté de partager ma vie depuis plusieurs décennies ont influé, par leur unicité, sur la femme que je suis devenue et ont laissé leurs empreintes indélébiles dans ma mémoire et mon coeur…
Ils s’appellent toujours:
Scott, Fanny, Diva, Annabelle, Tuxedo, Noisette, Sésame, Grippette, Mega, Pussy, Gaspard, Delphine, Émile…parce qu’ils vivent tous, à jamais, en chacun de nous…
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À noter : Cet article ne reflète que les sentiments ressentis, les miens et ceux de mes amis, lors du départ d’un compagnon de nos vies… Je ne suis pas une psychologue et je n’ai suivi aucune formation sur le deuil. Je suis seulement une amoureuse des animaux qui, au fil du temps, a dû composer avec plusieurs adieux…
*Si vous sentez que vous avez besoin de l’aide d’un professionnel pour vous aider à surmonter ce deuil, nous vous invitons à consulter ce site web : https://deuilanimalier.com
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